Notes de terrain













La distribution des plantes

Aujourd'hui, je suis allée, accompagnée de Céline, distribuer des plantes dans un foyer de résidence.


Le matin à 10h tapantes, un camion blanc entre dans la cour d’Antre-peaux. Il s’arrête au niveau de l'Ursulab.


Il est tout blanc, sur les côtés gauche et droit sont inscrits en lettres manuscrites : espaces verts. Le coffre s'ouvre, le monte-charge s’abaisse. À l'intérieur, regroupées dans des cagettes et des cartons, se trouvent les plantes d'intérieur.


Une fois les cagettes déchargées, avec délicatesse, je sors une à une mes nouvelles compagnes. La lumière agréable de ce matin d'hiver traverse le verre martelé des fenêtres.


Cette lumière bleutée vient se refléter sur les tables d'aluminium présentes au centre de la pièce. Posées sur celles-ci, une multitude d'organismes végétaux. Ils sont là, impatients de rencontrer la personne âgée qui va les adopter.


Vers 14 heures, Céline et moi enfourchons nos vélos. Nous allons remettre six des cinquante spécimens offerts par les espaces verts de la ville de Bourges.


Direction rue d’Auron, la fourche tremble, mon cageot contenant les plantes aussi. L'une d'elles se retourne mais comme par magie, au bout de 2 km, elle se remet droite toute seule. Arrivées au lieu de destination, une animatrice s’approche de nous. Elle tient entre ses mains une desserte de plastique sur laquelle nous exposons les plantes. Après quelques mots échangés, les plantes regagnent l'intérieur du bâtiment où elles vont être mises en quarantaine, pendant 48 heures. Elles seront seules avant de retrouver leurs colocataires.


Sur le chemin du retour, il nous arrive quelque chose de très étrange. Le feu est rouge, je détourne mon regard. Deux jardiniers sont occupés à déraciner un parterre de chrysanthèmes. A cet instant, je me retourne en direction de Céline et lui dis : « Eh bien, tu vois c'est là qu'on aurait dû les prendre nos plantes à fleurs ! »


Leur technique est très affûtée. Une sorte d'outil s’enfonce dans la terre, arrache la plante à celle-ci puis elle est directement balancée derrière le camion.


Curieuse de cette technique, je m'approche des deux protagonistes. « Bonjour monsieur. » Clope au bec, un monsieur, le visage rond, se retourne. « Qu'est-ce que vous faites des fleurs qui sont dans le camion? »


« Ce que l'on fait ? C'est qu'après on les JETTE dans les déchets verts ou on les incinère et ça fait de l'engrais pour les prochaines. »`


Abasourdie et énervée, je jette un dernier regard aux fleurs toute belles encore et toute colorées, je grimpe sur ma selle et nous rentrons.